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La lumière intérieure d'un duo créateur

(Québec) Deux «artistes frustrés», l'un daltonien, l'autre habitée par le doute, se sont rencontrés sur les réseaux sociaux et forment, depuis 2002, un duo amoureux et créateur. Leur spécialité : le vitrail rétroéclairé.

Paul Marois est informaticien, Nancy Mackay, commis à la facturation. Âgés l'un et l'autre de 50 ans, ils ont toujours été attirés par les arts. Mais le handicap visuel de Paul et les obligations familiales de Nancy leur ont imposé de refouler tout désir de création.

Leur passion s'est ravivée deux ans après leur rencontre, lors d'un symposium au Domaine Joly de Lotbinière, où ils ont vu une vitrailliste à l'oeuvre. Ils se sont dits: on est capables! «On s'est acheté un ti-kit, raconte Paul. En peu de temps, c'est comme si j'avais toujours fait ça.»

Ils sont «sortis» de leur atelier pour la première fois en septembre 2014, lors d'une exposition collective au presbytère de Saint-Nicolas. Ils ont ensuite été accueillis à la galerie Regart, de Lévis, puis au Salon des créateurs du Centre de congrès et d'expositions de Lévis, avant d'être invités aux plus récentes Trouvailles de Noël de Saint-Romuald.

Aujourd'hui, ils sont membres du Conseil des métiers d'art du Québec et, ainsi, officiellement reconnus comme artistes professionnels.

Leur carrière est courte. Mais leur élan force l'admiration. Leurs techniques et leur démarche épatent.

Émotions et couleurs

«Je donne les sensations et les émotions, dit Paul. Je pars d'un flash, puis je trace les formes et le mouvement sur un logiciel.»

«Je les traduis en couleur», complète Nancy.

Le couple mise sur la force de l'inconscient. Leurs vitraux produisent des effets déroutants et des illusions d'optique fortes : perspective, vortex, relief. Ils sont toujours imprégnés par la nature, mais ils transmettent l'émotion «par le canal de l'abstrait», une voie que le couple attribue à sa «rencontre marquante» avec le peintre Patrick Pépin.

Le duo a adopté la méthode Tiffany traditionnelle, avec soudure au ruban de cuivre. Il ose travailler avec du verre noir, qui magnifie tout le reste. Il joue toujours avec les couleurs complémentaires (bleu-orange, violet-jaune, rouge-vert, noir-blanc). «C'est notre signature», résume Nancy Mackay, qui se félicite d'avoir trouvé «le bon blanc», soit celui «qui n'influence pas les couleurs».

Même si elles sont enserrées dans des cadres de chêne ou de merisier massif, leurs oeuvres sont relativement légères, vu leurs dimensions.

Elles sont rétroéclairées grâce à des diodes électroluminescentes (DEL), si bien qu'elles n'ont pas besoin d'être suspendues devant une fenêtre pour s'animer. Mais le couple garde pour lui le secret d'une diffusion de la lumière si uniforme.

Une couche de vernis leur donne un fini lustré, les fait ressembler à un tableau, en plus d'emprisonner les particules toxiques émanant du métal.

Sérieux et acharnés

Les deux artistes sont représentés par la Galerie Art'chipel, de Lévis. «Je les trouve courageux d'entamer une telle technique», a commenté la propriétaire, Nadie Ostiguy. «Ils sont sérieux, intenses et acharnés.»

Ils consacrent chacun une vingtaine d'heures par semaine à cet art qu'ils ont appris en autodidactes. Un seul vitrail exige jusqu'à 150 heures de travail. «On peut faire 10 heures en ligne de soudure», résume Paul.

Elle sélectionne les couleurs. Il taille le verre. Elle ajuste et meule les morceaux.

Elle est la chef d'orchestre de l'expression artistique. Il apporte l'équilibre entre l'expression et la réalisation.

Comme tous les couples, ils vivent leurs moments de tension. Quand ça ne va pas, ils vont à l'atelier et tout s'arrange. Paul se remet à voir la vie en couleur. Nancy retrouve son intuition et sa spontanéité. La frustration s'évapore.

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